Mi-mars
et dans les clubs de la province les vaillants comitards s’activent peu à peu
sur le marché des transferts. D’abord faire le tour de son effectif pour sonder
les intentions des uns et des autres. Les joueurs du cru sur lesquels les
comitards s’appuient plus que jamais et qu’ils n’imaginent pas voir quitter le
navire, les déçus qui ne comprennent pas pourquoi ils ne jouent pas, les
transferts réussis que l’on espère reconduire, ceux qui par contre pour
diverses raisons n’ont pas donné entière satisfaction. Et penser à remplacer
ceux qui ont jeté l’éponge en cours de saison. Ensuite on dresse le profil des
joueurs susceptibles de renforcer l’équipe. Et c’est ici que les choses se
compliquent.
Prise
d’information, réunions par ci, rencontres par là. Comment attirer les
joueurs ? Les arguments du passé ne
font plus recette ; le temps où un joueur signait pour jouer avec des amis
ou parce que les infrastructures permettaient de s’entraîner dans des bonnes
conditions est révolu. Le joueur de foot est devenu gourmand et quand ses
exigences grandissent, le comitard a deux solutions : soit il trinque pour
satisfaire le joueur, soit il ne plie pas et sacrifie une partie de ses ambitions
au risque de voir ses meilleurs joueurs partir voir si l’herbe est plus verte
ailleurs.
C’est
comme ça. C’est l’évolution du foot amateur. Mais qu’est-ce qui justifie qu’un
joueur réclame x Eur pour pratiquer son sport favori ? Tout ce qui est
pris est pris et si ça peut tomber dans ma poche plutôt que celle d’un autre. Un
joueur courtisé aura tendance à faire monter les enchères et se dirigera vers
le club le plus généreux. Cela s’applique même dans quelques clubs de quatrième
provinciale. Un joueur évoluant à cet échelon cherchera à se vendre et
collecter quelques euros. Rappelons pour les non-initiés du foot que la
quatrième provinciale constitue le niveau le plus bas du foot amateur. C’est un
peu paradoxal quand on sait qu’un sportif de haut niveau, champion de Belgique et
disputant des championnats d’Europe dans des disciplines comme l’escalade, la
natation ou le patinage reste dans une situation financière précaire. Sans le
soutien de mécène, ces sportifs devraient renoncer. Est-ce normal ? Les
heures d’entrainement et les sacrifices sont nettement plus importants que pour
un joueur de 1ère ou 2ème provinciale.
L’argent
dans le football très amateur c’est dans l’air du temps. Après c’est au comité
de trancher. Les joueurs tentent de fixer son tarif : c’est X euro à la
signature + X euro par match disputé + X euro par point… point à la ligne. Les arguments ?
« Oui mais moi monsieur le comitard j’ai les pieds carrés et quand on a
les pieds carrés les chaussures de foot ça coûte plus cher », « je dois
prendre des médicaments coûteux pour soigner mes allergies à la chaux ».
Dans
les clubs les bénévoles se font rares. Certains se dévouent pendant des lustres
pour faire tourner un club. Pour pas un rond. Mais un moment la passion peut
laisser place au découragement et au renoncement. Sans ces gens, plus de club. Le
comitard est une denrée rare et je m’étonne d’ailleurs qu’il n’y ait pas encore
une période de transfert pour eux afin qu’ils monnayent leur disponibilité.
Mais évidemment c’est plus difficile, car contrairement à beaucoup de joueurs,
ils sont plus attachés à leur club. Si le football poursuit dans cette voie,
les joueurs finiront par jouer au football … mais sur une console de jeu.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire